« Je m’appelle Tra-zom et je vous tire ma révérence ! »
La genèse de l'oeuvre
« Je m’appelle Tra-zom et je vous tire ma révérence ! », ainsi s'achève la carrière de Mozart (Tra-zom) en tant que compositeur de musique sacrée auprès du prince-archevêque Colloredo !
Quand Mozart écrit la « Grande Messe KV 427 », en 1782 à 27 ans, il est donc enfin libre et il va épouser Constance Weber qui a finalement surmonté sa maladie. L’œuvre manifeste cette indépendance : lyrique et spirituelle, pieuse et sensuelle. Il ne s’agit pas d’une œuvre de commande , mais plutôt d’une action de grâce : au printemps, Mozart a fait vœu d'écrire une messe si Constance guérit. Mais, occupé à d'autres projets, il prend quelque retard sur cet engagement, comme en témoigne une lettre à son père datée du 4 janvier 1783 :
« J'ai véritablement fait cette promesse dans mon cœur, et j'espère bien la tenir. […] Comme preuve de la réalité de mon vœu, j'ai la partition de la moitié d'une messe et qui donne les meilleures espérances. »
La Messe en ut mineur est finalement donnée à Salzbourg le 25 août 1783, Constance tenant la partie de soprano écrite pour elle.
Au final, l'œuvre reste inachevée car il y manque la fin du Credo ( l'orchestration du Credo est aussi incomplète ) ainsi que l'Agnus Dei. Le Sanctus est en partie perdu et nécessite une reconstitution.
Beaucoup d'hypothèses ont été faites sur les raisons de l'inachèvement de l'œuvre. Étant donné l'évidente nécessité d'avoir un texte complet pour l'usage liturgique, il est probable que Mozart ait utilisé des parties de ses messes antérieures lors de la création de la Messe en ut mineur.
Pour les exécutions modernes, plusieurs éditions sont disponibles, le choeur Tempestuoso a choisi l'édition Breitkopf.
Les influences musicales et stylistiques
En 1782, Mozart venait depuis peu de découvrir au contact du baron Van Swieten et de s’enthousiasmer pour le style contrapuntique des deux grands maîtres de la fin du baroque que furent Bach et Händel, que Constance prisait également.
D’où l’emploi fréquent de l’imitation (canon , fugues) qui donne une grande densité et un caractère un peu archaïsant à cette œuvre malgré sa couleur harmonique classique.
Il faut aussi rappeler que Mozart a suivi plus ou moins directement l’enseignement du père Martini, grand spécialiste du contrepoint antique, à Bologne. Pour ceux qui lisent l’anglais, un article très intéressant
Il s'est lié avec Johann Christian Bach (1735-1782), surnommé le Bach de Milan et de Londres, villes dans lesquelles il mène une brillante carrière. Mozart choisit d’arranger trois de ses sonates pour clavecin en un concerto (K. 107).
À titre d’exemple : la fugue sur le Hossanna dans les Sanctus et Benedictus qui venit, ou encore celle du Cum Sancto Spiritu. L’allusion à l’Alleluja du Messie de Haendel est assez flagrante sur la série de In excelsis déclamés par le chœur à l’unisson dans le Gloria in excelsis Deo.
Une oeuvre d'une grandeur sculpturale
La « Grande » Messe en Ut mineur est souvent considérée comme un de ses plus grands chefs d’œuvres. Comme le dit Karl Schumann
[…] la Messe en ut mineur de Mozart se situe à mi-chemin de la Messe en si mineur de Bach e la Missa solemnis de Beethoven, entre lesquelles elle constitue un élément de jonction.
La messe en ut mineur s’inscrit dans la tradition baroque des messes-cantates dites aussi messes napolitaines ou messes à numéro, le Gloria étant divisé en pas moins de 7 sections différentes. Mozart s’était à ce propos plaint auprès du père Martini de la trop grande brièveté des messes germaniques.
D'une grandeur sculpturale qui fit dire à Alfred Einstein, mozartien fervent, que c'était un beau torse, la Messe en ut mineur n'en demeure pas moins une preuve spectaculaire du talent de Mozart pour intégrer à son propre langage un savoir musical recueilli à diverses sources.
Le choeur Tempestuoso se réjouit de vous retrouver, avec l'orchestre Hélios, au concert de la Grande Messe en Ut,
le Vendredi 14 juin à 20h30 à la Madeleine
Billetterie sur le site de l'Orchestre Hélios
Pour une analyse musicale rapide de la Messe, par exemple la présence de la basse continue et d'une comparaison avec celle de Purcell dans Didon et Enée voir l'article du blog de Valentin Villenave)
http://valentin.villenave.net/Mozart-Grande-Messe-en-ut-mineur-KV427
Sources :
* Wikipedia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Messe_en_ut_mineur_de_Mozart
* Larousse
https://www.larousse.fr/encyclopedie/oeuvre/Messe_en_ut_mineur/183440
* Radio Classique
https://www.radioclassique.fr/magazine/articles/la-grande-messe-en-ut-de-mozart/
* Blog de Valentin Villenave
http://valentin.villenave.net/Mozart-Grande-Messe-en-ut-mineur-KV427
*Article en Anglais sur les liens de Johann Christian Bach, Mozart et le père Martini
http://punctuscontrapunctus.blogspot.com/2006/02/mozarts-counterpoint.html